POUR AVOIR LA LIBERTE DE CHOISIR SON AVENIR PROFESSIONNEL

 

« COHERENCE,  ENJEUX,  AVANCEES,  RUDES  DECEPTIONS,

et ..  ESPOIRS »

Un certain nombre de nouvelles analyses et réactions « à retardement » se font jour depuis le vote de cette Loi.
Il n’a cependant pas à s’en étonner dès lors que l’on se situe dans la problématique telle que définie par la Ministre du travail puis par le Gouvernement
 
 Celui-ci veut en effet, avant tout réduire le taux de chômage des jeunes par le biais d’une libéralisation de l’apprentissage, en incitant à la création de formations par l’apprentissage chaque fois  qu’il y aura des contrats proposés par des entreprises et ce,  sur un marché devenu concurrentiel, et quasiment désormais sans conditions préalables.
Par ailleurs, considérant que les Entreprises ne s’impliquent pas assez dans l’Apprentissage, il leur en confie la pleine responsabilité et pour l’essentiel désormais aux seules Branches professionnelles par le biais des Opérateurs de compétences qui vont être créés. 
Il est à remarquer que le diagnostic qui fonde cette nouvelle et radicale orientation est en grande partie erroné lorsque l’on constate que  le principal facteur déterminant le nombre d’apprentis est celui du taux d’emplois disponibles, comme le montrent parfaitement les dernières études générationnelles du CEREQ, avec le total parallélisme et donc la corrélation systématique entre le taux d’emplois et le nombre d’apprentis depuis près de vingt années.
Mais il s’est agi dans le cadre de ce diagnostic préalable, de sous estimer ce facteur déterminant même si non exclusif, pour stigmatiser entre autres et souvent à l’excès, les CFA, les Régions, etc.. en tant que principaux responsables de l’insuffisant développement de l’apprentissage..  afin de légitimer un tel choix.
Ceci étant, à l’évidence un certain nombre de  mesures de cette Loi sont opportunes pour améliorer l’Apprentissage.
 
 
 
UNE ETAPE VERS LE BASCULEMENT DE L’APPRENTISSAGE DANS LE CADRE DE LA FORMATION CONTINUE
 
 
  La confusion- et bientôt probablement la fusion- entre l’Apprentissage et la Formation professionnelle (continue) sont ainsi manifestement recherchées, avec dans un premier temps, le rapprochement des modalités de fonctionnement entre les deux segments, puis demain, avec la suppression des modalités spécifiques de l’apprentissage qui sera alors intégré dans un seul marché, celui actuel de la formation continue des adultes, intitulé désormais pour l’ensemble, la « Formation professionnelle ».
Il s’est donc agi de nier le fait que les jeunes apprentis  sont encore dans leur parcours de formation initiale, y accédant pour la majorité à l’âge de 16 à 18 ans à l’issue du Collège (ou de la classe de seconde de lycée) avec des besoins de formation professionnelle mais aussi encore générale qui sont bien plus « larges » et correspondants à la préparation d’un Diplôme professionnel ( d’une durée de 2  à 3 ans, possiblement réduite après positionnement)
Ces besoins sont donc différents de ceux des jeunes plus âgés de 19 à 30 ans qui ont déjà eu pour la plupart, quelques premières expériences professionnelles et à fortiori, des besoins différents de ceux des plus jeunes et correspondant souvent à la préparation d’un Titre professionnel (d’une durée de l’ordre de six mois)  (voir analyse plus précise dans le dossier indiqué ci-après)
D’où le profond regret qu’ait été de facto, « effacé » pour l’essentiel,  le fait que la voie de l’Apprentissage est une voie de Formation initiale qui doit se gérer comme telle (objectifs, contenus, modalités, durées, etc..), en étant adaptée aux besoins des plus jeunes, et offerte en complémentarité et alternative avec les formations professionnelles initiales, scolaires ou étudiantes.
  Ce sont donc les enjeux politiques (voir précédent), et par ailleurs, des enjeux financiers, ou/et de pouvoirs ou/et de positionnements institutionnels qui ont primé aux dépends des nécessaires besoins en formation professionnelle et générale des jeunes, et d’autre part, paradoxalement aux dépends des attentes en compétences à moyen terme de la part d’Entreprises (on s’en apercevra probablement mais plus tard !)
Ceci est d’autant plus regrettable que cette « méconnaissance » fut portée par certains Partenaires sociaux lorsqu’ils sont trop « centrés » sur la formation continue du fait de leur positionnement, ainsi que parfois par nombre d’experts.
La « Formation professionnelle », y compris désormais l’Apprentissage, est donc considérée en premier lieu comme un facteur et une variable d’accès et d’ajustement des emplois, avec en conséquence, les décisions confiées pour l’essentiel aux seules Entreprises ou leurs Représentants.
 
Quant au grand régulateur que serait France Compétences, on peut craindre, à la lumière de l’expérience, qu’au-delà de l’indispensable développement de démarches qualités dans le domaine de la formation, il relève d’une conception issue essentiellement de l’Entreprise, bien adaptée à l’évaluation de produits et services matériels, mais bien difficile à ici transposer « terme à terme », avec la production de services immatériels telles que les « compétences ».
Espérons que France Compétences ne sera point un « grand machin » (comme aurait dit le Général), non pas parce que trop « étatique » ainsi que s’expriment certaines craintes mais parce qu’il risque d’instaurer un ensemble d’instances de concertations certes nécessaires, mais développées à l’infini, alors que les décisions seront prises dans d’autres lieux.
Une longue expérience en la matière tant en formation initiale que continue peut malheureusement le laisser à penser, tout en souhaitant faire erreur.
 
 
UNE OCCASION MANQUEE !
 
 
LA CREATION D’UNE GRANDE VOIE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE POUR TOUS LES JEUNES A L’ISSUE DU COLLEGE OU DU LYCEE , AVEC LE CHOIX POUR CHACUN, ENTRE LA VOIE SCOLAIRE, ETUDIANTE OU L’APPRENTISSAGE
 
 
Plus globalement, faudra-t-il avec ce changement majeur de paradigme, abandonner la perspective de mise en place progressive d’une grande voie de la Formation professionnelle initiale vers l’emploi ?
Elle  aurait pourtant pu représenter pour chaque jeune à tout niveau, le prolongement naturel à égalité de droit, de la voie de Formation générale,  afin de leur permettre d’arriver dans de bonnes conditions sur le marché du travail ?
Elle aurait pourtant pu permettre à chacun d’entre eux, d’accéder à une formation professionnelle en alternance, avec le choix dans chaque Etablissement, de poursuivre  sa formation, ou bien en tant que lycéen ou étudiant, ou bien en tant qu’apprenti, en vue de l’acquisition des mêmes compétences validées par l’obtention d’un Diplôme professionnel, même si les modalités d’apprentissage peuvent différer.
 
Elle aurait de plus, permis de continuer à garantir les mêmes droits en matière de contenus de formation pour tous les jeunes lorsqu’ils sont encore en formation initiale et ce, quel que soit leur statut, grâce à la préparation d’un Diplôme professionnel          (certes à souvent rénover) plutôt qu’un simple Titre professionnel d’adaptation à un premier emploi.
 
Nous avons été pourtant nombreux à nous engager depuis des années grâce au développement de partenariats équilibrés entre Etablissements de formation initiale (publics et privés sous contrat), CFA et Entreprises (1) où chacun pouvait y « trouver son compte » et ainsi, s’y engager pleinement.
 
Cette voie de Formation professionnelle initiale était est bien entendu, prolongée ensuite par la Formation continue « tout au long de la vie », devenue également décisive, mais dont les objectifs sont distincts et complémentaires
ALORS PARIER SUR L’AVENIR et .. ESPERER 
 
Ceci étant la Loi ayant été à présent votée, on peut fortement souhaiter que les Entreprises et leurs Représentants soient à la hauteur des nouvelles responsabilités qu’ils ont obtenues.
 
Espérons ainsi qu’elles accepteront de considérer que « former un jeune » ne se résume pas à adapter à court terme, en particulier les plus jeunes, à un premier emploi, quitte à s’en séparer ensuite s’ils n’arrivent pas à s’adapter notamment aux évolutions technologiques (2).
 
L’Apprentissage pourra alors continuer de permettre à chaque jeune de s’adapter à court terme mais également d’avoir les bases suffisantes pour évoluer ensuite tout au long de son parcours professionnel (3).
 
 
 
  1.  
     1 et non sous forme d’Unités de Formation en Apprentissage (les UFA) qui mettent les Etablissements de formation publics et privés sous contrat en situation de sous-traitance;
     
 
  1.  
    2 Les dotations au titre du CPF certes intéressant en soi ne pourra évidemment pas y suffire tel que retenu à ce jour;
     
 
  1. 3 On peut penser qu’il en sera ainsi pour celles des Branches professionnelles qui ont une , non seulement mais.
 
 
 
Publication : Sept 2018